La Mongolie c est plus un voyage mais un rally. Au moment ou on passe le cote russe, le bitume s arrete net et nous ne le retrouverons que quelques kilometres avant Oulan Bator. Nous avions trois options en passant par l ouest: la route du nord, celle du sud... et celle du milieu. Ca parait tout con mais c est effectivement comme ca que ca se passe. On entend toutes sortes de ragots sur ces trois possibilites. La somme de ces ragots poussent en moyenne a prendre la route du sud qui serait plus simple mais rasoir(e).
Comme vous aimez l aventure (moi aussi !); on s est decide avec les RTS (roule ta soie) pour la route du milieu. La route du sud est chiante; celle du nord est coupee par une bande de sable de 300 km reputee infranchissable (a tel point qu il paraitrait que Mc Gregor et Boorman ont du faire un detour de 100 km et qqs par le milieu); des motards polonais avaient bien aime celle du milieu. Davai !
L aventure n a pas duree. On est bien arrives au lac Achit (a mi parcours du trajet prevu) ce qui nous permettait de couper pour rejoindre la piste du milieu par une petite jaune sur la carte. On s epargnait alors tout le grand tour par le lac du nord. Nous avons fait passe le J9 (Peugeot diesel de 3 tonnes et 10 cm de garde au sol avec deux roues motrices) a travers tout ce qui etait possible. C est a dire vraiment tout ! Des devers en descente et en montee ou il ne touchait le sol que par trois roues (je dois dire Simon que tu as dechire la dessus !). Du sable ou il a fallu sortir les plaques... et moi qui roulait derriere; je promet avoir vu le J9 rouler tranquilement a 40-50 km/h a travers la steppe s arreter subitement sur 3 m et reste pose au sol sur le chassis. Il y a eu ensuite les marecages ou la moto (moi) est partie en eclaireur; passer les touffes, passer la riviere et faire la route pour le vaisseau mere. Ensuite il y a eu l epreuve de trial entre les rochers ronds d un petit col au milieu de rien. La, je pense que peu de touristes sont passes et je dois dire qu au moins ca fait une petite recompense. On voyaient bien que la piste etait recouverte de vegetation mais ca fait bien une petite jaune...
En bref la journe est bien fatiguante et se termine par de grosses pierres fichees dans le sol qui niquent les jantes, les pneus et les amortisseurs; elles sont dispersees entre des plages de sable fin ou la moto s enfonce copieusement. La ! il faut reagir tout en finesse; c est a dire: a fond les gaz ! Avec ca, j ai un pneu lisse a l arriere... et a l avant. Au detour de cette piste joueuse, nous tombons nez a nez avec la riviere qui nous fera rebrousser chemin.
Vous comprenez bien qu avec tout ce qu on venaient juste de vivre, on avaient tres envie de passer. Avant le coucher du soleil, nous avons etudie les possibilites et entame un barrage en amont pour devier un bras trop vigoureux vers le bras le plus facile de la riviere. L eau montait au dessus du genou en majorite et le fond etait fait de gros galets de la taille de l ecran (la merde pour la moto) avec des blocs plus gros a eviter (de preference). Je pense que la moto pouvait passer meme si je n etait vraiment pas fier a ce moment. Nous avons passe la nuit et observe les 4x4 passer. Nous decidons de faire demi-tour. Je sais maintenant que nous avons bien fait; tres tres bien fait... le camion y serait peut etre encore. Je regrette un poil de ne pas m etre frotte a l epreuve... mais je le dit bien vite et pas trop fort.
Tout dans l autre sens mais avec un autre raccourcis. Il devrait m eviter le sable fin; un autre sans les galets mais encore plus terrifiant; la moto plonge parfois jusqu au pare-cylindre qui trouve ici une autre utilite et il faut encore reagir tout en finesse. Seuleument Simon et Maud ont continues et ne reviennent pas sur leur pas apres 45 min d attente ( c est dire si j avais envie d y retourner !). Je m y colle et en ressort claque. Encore qqs tours de roue et toujours pas de camion en vue. Comme je suis souvent devant, ils ont du continuer et bourrinent probablement pour me rattraper. Je pars donc seul et nu comme un vers: c est terrifiant. Je n ai pas d eau, pas de papiers, pas de quoi bouffer a midi, pas de tente ni sac de couchage... j ai de l essence et du fric. Il faut a tout prix que je sois ce soir en ville pour les attendre dans un hotel. Le seul bon point c est que je connais la route (pas de carte) et que j ai bien le temps d ici ce soir. Je commence alors mon rituel: rouler, s arreter et laisser des marques de mon passage avec l heure de celui-ci.
Je tombe alors sur Phil et sa femme en camionette. Ils viennent de la route du nord et n ont rien trouve de terrible. Ils viennent de rencontrer Danielle qui est neo-zelandaise et voyage seule a moto (la classe en Monglie!). Nous sommes alors encore une fois au milieu de rien et voici Laurent (suisse rencontre a Bishkek)qui passe: il va pecher qqs jours au bord du lac. Une moto couverte de mongoles passe et nous signale une autre camionette derriere; Simon et Maud s etaient enlises au tout debut alors que je les croyais passes...
Nous nous rabattons sur la route du sud ou nous allons retrouver pas mal de connaissances du rally mongol. C est un rally de Londres a UB (Oulan Bator) en voiture de moins de 1000cc. Plus de 50% n ont plus de pot; 25% ont pete un ou plusieurs amortisseurs; Sam et Tom qui roulent sur trois pistons s eclatent et sectionnent le bas du radiateur (ils repartent avec celui d une 4L); Sebastian n a plus de reservoir (ni de pot)... C est un peu n importe quoi mais ca genere une ambiance formidable.
La route du sud est une grande bande de tole ondulee dont la pire est infranchissable: elle est trop longue. Je pense que meme a 130, ca claquerait encore. Cette route certes un peu monotone incarne bien les paysages mongoles: gigantesque plaines et collines; montagnes enneigees au fond; troupeau dans l immensite. On repere les voitures par leur colonne de poussiere. C est utile pour se reperer entre nous et savoir ou se trouve la vrai piste; attendu qu elle se separe toujours en une 20aine de petites pistes. Le secret ,quand on le peut, est de trouver la piste la plus jeune car la piste-mere est toujours la plus vicieuse et l endroit le plus certain pour trouver de la tole ondulee degueulasse. Attention parfois ces petites pistes perdent la piste-mere: utilite des colonnes de poussiere !
Nous traversons des rivieres; encore des marecages ou le J9 s enlise; des pistes a trou et de nouveau des zones de pierres fichees dans une terre seche et dure comme du beton. Nous crevons des pneus pour la premiere fois avec parfois plusieurs crevaisons par jour. Mais parfois des billards de terre battue fendent la steppe et nous pouvons nous livrer a des exces comme rouler a 120 ou sauter des talus...
Nous arrivons a UB ou je lance mon visa russe. Les RTS partent en avance. Ils veulent arriver pour l Octoberfest a Munich dans 15 jours et qqs. Danielle les a suivi car sont visa mongol arrivait a expiration. Je partirai quand j aurai mon visa mais retrouverais sans doute Danielle qui veut visiter la Russie. Je ne traverserais pas le Russie comme un boulet; ca ne fait aucun sens. Autant que ca reste un voyage et non pas un retour de voyage...
GU
PS: Voici l adresse du blog de Robbo avec qui j ai un peu taille la route et qui a fait en partie le mm trajet que moi. Il a aussi de belles histoires a raconter (mais en anglais): www.hardwayhome.blogspot.com
et l adresse du blog de Simon et Maud: rouletasoie.free.fr qui raconte la version J9 du rally.